Louis-Napoléon Bonaparte (1808 -1873)

Na imagem, Louis-Napoléon Bonaparte élu Président de la République française, prêtant serment à la Constitution – 1848

Charles-Louis-Napoléon Bonaparte est né à Paris, en 1808. Troisième fils de Louis-Napoléon Bonaparte, Roi de Hollande et d’Hortense de Beauharnais, fille de Joséphine et fille adoptive de Napoléon Bonaparte, élevé en Suisse, après la chute de l’Empire, il eut comme précepteur l’ancien constitutionnel Le Bas qui lui donna une vision démocratique et libérale de l’Histoire. Adolescent, il entra au Ecole militaire de Thoune et devint officier d’artillerie. En 1831, à l’âge de 23 ans, il participa à l’insurrection des libéraux italiens, luttant pour l’unité de l’Italie, dont il devint un partisan résolu, faisant même partie de la Carbonari.

A la mort du Duc de Reichstadt (1832), il se considéra comme le successeur de son oncle, Napoléon Bonaparte et essaya une conspiration à Strasbourg qui échoua. Il dut s’exiler d’abord au Brésil, puis aux Etats-Unis et enfin en Angleterre, étudiant de près l’économie politique anglo-saxonne. De cette époque date son goût pour la langue anglaise. Il préférait s’exprimer souvent en anglais plutôt qu’en français.  

En 1840, lors du retour des cendres de l’Empereur, il tente un coup d’état à Boulogne qui ne réussit pas. Emprisonné au Fort de Ham, il s’en échappe, déguisé en maçon, doté d’une carte d’identité au nom de Badinguet, surnom qui lui restera toute sa vie.

De retour en France, après la Révolution de 1848, alors âgé de 40 ans, il fut élu député à l’Assemblée Nationale en Avril 1848, avec un nombre très élevé de votes. Possédant une vaste culture, intelligent mais entêté, obstiné dans  la réalisation de ses ambitions, qu’il ne cache pas, il écrit de nombreux pamphlets dont l’un attire l’attention des milieux conservateurs : « le césarisme démocratique » où il montre que par de très grands travaux ( théorie Saint Simonienne ) un gouvernement autoritaire dirigé par une élite honnête et consciente, peut mettre fin à la misère et à la pauvreté en donnant du travail à tout le monde, tout en récompensant le capital par des bénéfices.

Son demi-frère, le Duc de Morny, personnage célèbre dans les hauts milieux de Paris, aidera Louis-Napoléon Bonaparte à rassurer les conservateurs par rapport au péril rouge, en démontrant la nécessité d’avoir un futur Président de la République conservateur mais libéral sur le modèle anglais, auréolé d’idées généreuses et démocratiques.

Le souvenir de la grandeur de l’Empire, l’oubli des mauvaises années (1808-1815), une propagande habile  surtout à la campagne : le Bonapartisme, c’est la paix, la sécurité, le travail, l’économie plaît à la masse des paysans propriétaires qui voient dans la victoire des socialistes à Paris, le début d’une nouvelle réforme agraire, ou plus exactement, un nouveau partage des terres, donnent à Louis-Napoléon Bonaparte une majorité écrasante aux élections de Décembre 1848 (5 millions de voix contre un million à Cavaignac).

A partir de là, et suivant une tendance de sa jeunesse italienne, il est tour à tour pour le suffrage universel devant un grand public et contre à l’Assemblée Nationale où il fait voter le suffrage restreint qui favorise ses amis conservateurs. De même, il se rapproche de l’Eglise (la loi Falloux) tout en proclamant dans ses tournées en province son déterminisme à créer un Etat Laïque. Enfin, il se fait le champion des ouvriers, rappelant son pseudonyme de Badinguet, tout en rassurant les paysans sur son désir d’Ordre.

Malgré toute son habileté politique et celle de son demi-frère, le Duc de Morny, il ne réussit pas à faire voter le retour de l’Empire par l’Assemblée, en modifiant la Constitution. Voilà pourquoi, il se décide à un Coup d’Etat, se plaçant d’emblée dans l’illégitimité.  L’Empire fut proclamé le 2 Décembre 1852, officialisé par un plébiscite qui donnera à l’Empire une grande majorité, mais dont le succès viendra de l’autorité des Préfets sur des populations apeurées par des arrestations massives et des déportations en Guyane.

De 1852 à 1860, l’Empereur gouvernera la France d’une façon autoritaire, basée sur sa propre déclaration «L’Empire, c’est la Paix.» Il lancera alors de très grands travaux financés par les Banques et qui donneront au capital spéculatif la possibilité de créer en bourse un capital financier sur le modèle anglais. C’est alors le développement des banques comme le Crédit Lyonnais le Comptoir Nationale d’Escomptes de Paris, le Crédit Foncier, le Crédit Immobilier, la Banque de France et de Pays Bas donnant alors au capitalisme français une allure dynamique que le chemin de fer puis le plan Haussmann vont développer au maximum. Alors que les richesses s’accumulent, donnant au Duc de Morny l’occasion de créer Deauville et les Bains de Mer, les excursions des impressionnistes, Paris by night, d’où le nom de Belle Epoque, la vie bon marché, par suite des trains de marchandises et des silos qui permettent la stabilité des marchés des produits alimentaires, Les Halles (ou ventre de Paris, suivant Zola), tout conspire à faire oublier la liberté politique. 

Cependant, à l’extérieur, Napoléon III entreprend une politique belliqueuse afin d’effacer la honte des Traités de Paris de 1815 consacrant la chute de son oncle.  Voilà pourquoi il entreprend avec l’Angleterre une guerre contre la Russie afin de soutenir l’Empire turc et Constantinople, objectifs de l’ambition russe. Ce sera la guerre de Crimée de 1854 à 1856, où anglais, français, piémontais et turcs lutteront contre l’armée russe à Sébastopol. Des batailles très sanglantes comme Alma prépareront la chute de Sébastopol. Nicolas Ier sera bien obligé, avant sa mort, de reconnaître la supériorité anglo-française et signeront le Traité de Paris lequel effacera la honte de 1815. Pacificateur sur le plan social intérieur (dictature violente), organisateur d’une nouvelle Europe en alliance avec l’Angleterre (Napoléon III), l’anglophile, essayera de lancer, à partir de 1855, le vaste projet du Canal de Suez qui aura l’appui de Khédives Saïds et Ismaïl. Les travaux dureront de 1855 à 1869 et ouvriront la nouvelle route pour l’Orient et l’Extrême orient.

Cependant, à partir de 1858, désireux de donner à l’Italie son unité (comme ancien Carbonaro) Napoléon III se lance dans la campagne d’Italie, mais les victoires sont très coûteuses (Solferino et Magenta) qui feront que Napoléon poussé par sa femme Eugénie se ralliera à la thèse de la Papauté de conserver une Italie divisée en : – une maison de Savoie agrandie avec le Milanais et la Vénétie ; au centre les duchés de Parme, de Modène et de Toscane ; au centre, les Etats Pontificaux ; et au Sud, le Royaume de Naples et de Sicile. Cette volte-face de Napoléon III aura de graves conséquences et les italiens ne lui pardonneront jamais de les avoir abandonnés au profit de la Papauté.

 

Mais, l’influence de l’Impératrice, espagnole de naissance, très catholique aura sur l’Empereur une influence néfaste. Celui-ci, orgueilleux et prétentieux trouvera dans son obstination à réaliser les désirs pontificaux comme étant des idées nouvelles qui lui permettraient de mieux stabiliser une France conservatrice.

Cet entêtement dans l’erreur et dans l’indécision, donnera l’impression d’une méditation que certains dénommeront « le secret de l’Empereur »et dans lequel Victor Hugo y voit un vide total. 

En effet, à partir de 1860, lançant l’Empire libéral, il veut donner à son régime un aspect constitutionnel qui lui vaudra une augmentation sensible de l’opposition, mais sur le plan personnel, ayant perdu le Duc de Morny, il tombe de plus en plus sur l’influence de sa femme laquelle, jalouse, accentue la pression de la papauté. Voilà pourquoi, Napoléon III organise une expédition en Syrie, à Beyrouth, pour soutenir les chrétiens maronites, de même, une expédition coloniale à Saigon, en Cochinchine, pour soutenir les catholiques de la région.

Ces expéditions prendront une tournure tragique, au Mexique, où la France enverra de troupes régulières afin de soutenir le régime catholique de l’Empereur   Maximilian contre les forces de Juarez, lequel était soutenu par les américains (yankees). Le retrait des troupes françaises équivaudra à un désastre militaire. 

Cette politique très catholique s’opposera à la Prusse et à l’Italie alors que l’Angleterre prend ses distances. Isolé sur le plan européen puisque adversaires de l’Autriche en Italie, adversaires de la Russie, de la Prusse et de l’Italie, la France du Second Empire connaît encore une gloire crépusculaire. Les belles années de 1867 à 1870 (Paris – Ville Lumière). A ce moment-là Napoléon III pense qu’il faudra, sur le conseil d’Olivier, de préparer un Empire parlementaire ouvrant ainsi la voie à des élections, lesquelles apporteront à l’Assemblée une forte minorité d’opposition 

Par Alexandre A. E. Roche

Cours de Civilisation 2009-2 

Les hommes d’Etat français au XIXe et XXe siècle