L’impressionnisme en peinture et la littérature – Partie I

Claude Monet, Impression, soleil levant, 1872
  • Art
  • 10 de janeiro de 2020

Trazemos mais uma série de textos originais escritos por nosso fundador, Monsieur Roche. Dessa vez, sobre o movimento impressionista francês nas artes e na literatura. O Instituto Roche ressalta que o conteúdo das publicações são textos que tem como único objetivo a prática da língua francesa. Voilà !

Né dans des controverses féroces, persécuté par les autorités politiques, académiques universitaires, crucifié par des critiques conservateurs et bornés, l’Impressionnisme français (avec ses prédécesseurs, son mouvement, ses successeurs, ses influences) représente, aujourd’hui, pour tout le monde, le plus grand mouvement en peinture que l’on connaisse. Contemporain des grandes transformations en littérature, en philosophie, en architecture, en urbanisme, placé devant un conservatisme politique, l’impressionnisme s’inscrit d’abord et avant tout dans la modernité.  L’Impressionnisme n’est pas une école, mais une tendance.

Voilà pourquoi il serait faux de croire que ce mouvement est formé par une école, avec des théoriciens, des manifestes, des proclamations sur le modèle du romantisme (Bataille d’Hernani). Il n’en est rien. Il s’agit au contraire de peintres, cherchant chacun de son côté une vérité artistique provenant d’un monde nouveau, d’une société nouvelle, d’inventions qui bouleversent le quotidien.   « Je peins ce que je vois et pas ce que les autres veulent voir. » a dit Monet. « Je peins parce que j’aime peindre », a dit Renoir. « Mon esprit rectifie ce que mon œil voit », dira Degas. « Je peins en découvrant dans l’objet une figure abstraite », pense Cézanne.

Reconnu par les marchands et les experts, entre 1874 et 1888, l’Impressionnisme est alors adopté par le grand public qui y voit la modernité face à une tradition académique dépassée.  Que la peinture se rapproche de la photographie, qu’elle en épouse les difficultés, à savoir : saisir l’instant, le moment, voilà ce que le public, près de longues hésitations, désire voir.

Dépassant très vite les cadres étroits de l’élitisme esthétique, les peintres impressionnistes deviennent des peintres populaires.  L’avènement de la Troisième République : la républicanisation de la République, la démocratisation de l’enseignement, la législation du travail, l’introduction de nouvelles techniques, l’avance des sciences, tout prépare la popularisation d’un art difficile et complexe

Car la tyrannie du moment, la recherche constante de l’instantané, la domestication de la lumière dans ses effets secondaires sur l’eau ou sur les herbes, tout exige de l’œil, de la main, du pinceau, de la couleur mélangé une action parfaite et rapide bien loin de la peinture en atelier.

En effet, ils en sortent, vivant dans la nature, fréquentant et peignant des scènes pittoresques, des rencontres du Dimanche, des fêtes foraines, des 14 Juillet aux couleurs éclatantes, des amis, de vagues connaissances. Enfants de la photographie, adeptes des montées en ballons, curieux des travaux de la physique sur les couleurs, spectateurs   de l’explosion urbaine, des cheminées des usines, des locomotives fumantes entrant dans des gares enfumées, ils cherchent sans cesse et sur le terrain à capter cette lumière diffuse.

A Barbizon, suivant l’exemple de Corot, sur les côtes, à Honfleur, près de la mer, se rappelant de Turner et de Constable, le petit groupe des amis est là autour de leur aîné : Camille Pissaro. Il y a là Monet, Renoir, Frédéric Bazille, parfois Manet ou Degas ou encore de futurs élèves comme Berthe Morisot ou Caillebotte, Sisley

Que veulent ces jeunes ? Découvrir dans la nature jeu complexe de la lumière. Car, en effet, tout est là. A Barbizon, comme à Argenteuil, sur la Seine, ou à la lisière de la forêt de Fontainebleau, sur la côte ou encore à Amiens ou à Rouen, il s’agira d´être attentifs au rendu de la lumière, laquelle change, se métamorphose au simple passage d’un nuage.

Les ciels de l’Académisme représentaient un fond bleu, aux nuages statiques épars mais fixes. Chez eux, les ciels mouvants changent de couleurs. Les tons se modifient. Le jeu subtil de la clarté et de l’ombre ne se fera plus dans une chambre ou sur un drap mais dans un champ de blé, aux vagues profondes (poèmes parnassiens), aux ombres changeantes et mouvantes.  La tige du blé connaîtra une couleur verte, teintée de bleu, alors que le jaune des épis passe au marron épais, sous l’effet de l’ombre mouvante d’un nuage. La tradition académique voulait que le blé soit jaune, d’un jaune éclatant, couleur de l’or et de la prospérité. Au contraire, les impressionnistes découvrent, comme le veut Baudelaire, un art nouveau dans une société moderne. Le dynamisme de la science, de la technique, de la photographie, brisent les cadres d’une vision archaïque et allégorique.  Voilà en quoi les Impressionnistes et ce n’est pas une contradiction, sont les vrais réalistes.

Ces impressions fugitives que l’œil capte au passage d’une rafale de vent, d’un nuage ou d’une réapparition du soleil après une ondée, doivent être reproduites sur la toile au moment même par des touches rapides et souvent nouvelles, par une couleur mélangée à même la toile, sans préparation, suivant une intuition que l’œil conduit

C’est au Salon des Refusés en 1874 que Monet donnera la définition « Eh Bien c’est une impression », mot jeté aux journalistes lesquels l’adopteront.  Le dessin, si cher à Ingres, est abandonné au profit du pinceau qui forme le dessin.

Par Alexandre A. E. Roche